« Je peux m'asseoir ? » - [PV : Illisana D. McBleider]

Depuis plusieurs jours déjà, le soleil était au rendez-vous. Une petite brise d'air frais venait compenser la chaleur oppressante dans le parc. Nola, elle, n'était pas venue ici pour se détendre, au contraire. Depuis qu'elle était entrée à Howerton, elle travaillait encore plus que d'habitude. C'était déjà un miracle qu'elle aie finalement obtenue une bourse, il ne fallait donc pas gâcher tous ces efforts. Efforts qui allaient être inutiles si elle ne bossait pas comme une forcenée. Elle s'efforçait de dépasser ses limites, sans ça, elle ne se sentait pas rassurée. Toujours plus, voilà comment elle résonnait depuis le tout début.

L'extérieur d'Howerton, était un endroit que la jeune femme connaissait presque comme sa poche. Souvent, elle venait ici pour étudier au calme. Par chance, aujourd'hui il n'y avait pas grand monde. Juste quelques étudiants qui discutaient, travaillent, voir même en train de jouer avec un balle. Ce n'était pas la peine de s'attarder sur ce spectacle, après tout, Nola pouvait le voir tous les jours. Dans les têtes présentes, elle n'en voyait aucune qui était de ses connaissances. Oh ici, elle avait changé. Désormais, elle était beaucoup plus sociable qu'avant, ouverte et bavarde, elle n'était pas la jeune femme renfermée sur elle-même qu'elle avait été pendant de longues années. Elle abordait des sourires qu'elle n'avait encore jamais fait dans son passé. Tenant son sac sur une seule épaule, elle marchait lentement sur le petit chemin en pierre qui était sous ses pieds. Il est vrai que c'était magnifique, après tout, c'était quand même une école pour bonne famille. Avec tout l'argent qu'Howerton devait avoir, elle pouvait bien se permettre d'aménager de tels endroits à ses étudiants. Nola se stoppa. Délicatement, elle sortit son portable de la poche de son jean. 15 heures 21, voilà ce qui était indiqué comme heure. La jeune femme soupira quelque peu, c'est bon, elle avait encore du temps avant que son prochain cours ne commence. En revanche, elle n'en avait peut-être pas assez pour faire tout ce qu'elle voulait faire. C'est-à-dire, revoirs toutes les notes qu'elle avait prise depuis le matin. Oh oui, elle était sérieuse, et elle s'en donnait les moyens.

L'anglaise rangea son portable à sa place initiale et se remit en marche. Pour aller où ? Sur un banc, là où elle ne serait pas dérangée par quelqu'un. Surtout pas un de ces gosses de riches qu'elle détestait tant. À chaque fois, il y en avait toujours un pour venir l'énerver. Non loin de là où elle se trouvait, quelque chose, ou plutôt quelqu'un attira son attention. Cette personne, elle ne l'avait encore jamais vue, sinon, elle en aurait gardé un très net souvenir. Une étudiante, qui devait avoir à peu près le même âge qu'elle, si ce n'est, le même. Elle était belle, oui très belle. Tout comme Nola, elle était asiatique, mais contrairement à elle, cette inconnue avait une longue chevelure blonde qui faisait ressortir sa beauté. Prudence (le deuxième prénom de Nola), l'observa pendant quelques secondes, mais, sans savoir vraiment pourquoi, elle de dirigea vers elle. Avec hésitation, elle se planta devant la jeune femme qui était assise sur un banc et demanda timidement : « Je peux m'asseoir ? ».

Nola était immobile, figée sur place. Elle n'osait pas bouger. Qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Elle était beaucoup trop timide pour faire ce genre de choses et pourtant, là, elle l'avait fait sans même penser aux conséquences. Si ça se trouve, cette jeune femme allait l'envoyer sur les roses, refusant catégoriquement de s'asseoir à côté de quelqu'un comme l'anglaise. Finalement, la jeune femme en face de Nola, releva sa tête pour mieux la regarder. La bouche un peu ouverte, elle paraissait quelque peu surprise. Cette réaction, ne fit qu'accentuer la gêne de la boursière. Elle ne savait plus où se mettre, il était désormais trop tard pour faire demi-tour, après tout, l'étudiante en face d'elle allait sûrement la prendre une dingue si elle faisait ça. Cependant, l'asiatique blonde, se décala vers la gauche, ce qui laissait de la place pour que Prudence puisse s'asseoir à ses côtés. Nola n'en fut que surprise, après tout, elle commençait déjà à se faire une montagne de film dans sa petite tête.

« Je vous en pris. »

C'est ce que son interlocutrice venait de répondre. Un léger sourire s'afficha sur le visage de poupée de Nola. Là, elle était soulagée, et encore, le mot était faible pour exprimer ce qu'elle ressentait. Ses craintes ne s'étaient pas concrétisées, et c'était tant mieux ! Lentement, elle s'installa sur le banc. Posant son sac entre ses pieds, elle en sortit un gros trieur qui lui servait à mettre tous ses cours. Elle jeta un léger regard à l'étudiante à côté d'elle, celle-ci s'était remise à lire son livre. En la voyant faire, Nola ne pût pas s'empêcher de l'observer pendant quelques secondes. Ce n'était pas très poli, elle le savait bien. C'est pour cette raison, que se rendant compte de sa bêtise, elle se mit à fixer le trieur sur ses genoux. Tout comme il y a quelque minute, elle n'osait plus bouger. Sa maladresse aurait très bien pût lui jouer des tours, mais pour éviter toutes situations gênantes, elle restait immobile.

Encore une fois, elle jeta un regard furtif sur son interlocutrice. Mais presque instinctivement, elle se remit à fixer l'objet qui renfermait son avenir. Qu'est-ce qu'elle pouvait être idiote parfois, à cette pensée, elle se mordit la lèvre inférieure, rien que pour se punir elle-même de sa bêtise. Elle se racla un peu la gorge, juste pour essayer de casser le silence qui s'était installé et que Nola ne pouvait plus supporter. Il fallait qu'elle fasse, ou qu'elle dise quelque chose, mais quoi ? Elle n'en avait vraiment aucune idée. Puis finalement, elle dit avec hésitation :

« Qu'est-ce que ... Vous lisez ? »

La jeune fille semblait hésitante, mais elle finit tout de même par s'assoir. Aux premiers abords cette dernière paraissait très timide, et gênée, bien qu'il n'ait aucune raison à son comportement... Elle prit place sur le banc, déposa son sac part terre et en sortit un trieur. C'était une élève sérieuse, donc, c'est ce qu'en déduit Illisana en jeta des coups d'œil vifs sur les actions de l'étudiante, maintenant assise à côté d'elle. Illisana s'interrogeait cependant ; pourquoi était-elle venue ici. Il y a tellement d'autres places disponibles qui auraient parfaitement convenues... Ce n'est pas que cela dérangeait Illisana, mais elle aimait être seule, et pouvait se montrer légèrement agressive lorsque l'on l'importunait excessivement. Ce qui n'empêchait pas qu'elle savait de se tenir. On exigeait beaucoup d'elle, enfant. Et bien que son caractère ait empiré au fil des années, elle a apprit à se maîtriser.
Après quelques minutes dans le silence profond, Illisana remarqua que la jeune fille l'observait dans le coin de l'œil. Sans rien dire et faisant comme si elle n'avait rien remarqué, Illisana détourna le regard pour le reposer sur son manuel. Étrangement, il lui était difficile de se concentrée. La présence de quelqu'un à ses côtés était définitivement une gêne pour elle... Elle entreprit de stopper sa lecture et de s'en aller, mais se ravisa aussitôt, par politesse... L'atmosphère était lourde, mais cela ne dérangeait pas particulièrement Illisana, qui avait réussit à se concentrer de nouveau sur ses études de la littérature.

«Qu'est-ce que... Vous lisez ?» Bafouilla la jeune étudiante assise à côté d'elle, hésitante.

Illisana tourna légèrement la tête, assez pour percevoir parfaitement son interlocutrice. Elle prit bien son temps pour répondre, ne pressant pas ses mots pour ainsi les articuler parfaitement. Illisana lui répondit de sa voix cristalline et douce, néanmoins un peu froidement:

« Rien de bien intéressant, un vieux manuel de littérature moderne que j'ai emprunté à la bibliothèque...
Puis-je vous retourner la question ? Sur quoi travaillez vous avec ses fiches, si cela n'est pas déplacé de ma part... »

Illisana la scrutait avec un regard si sombre qu'il semblait vide, bien sur là n'était pas l'intention de Illisana.

Elle baissa les yeux et referma avec élégance son livre.

Pas très sûre d'elle, Nola venait de prononcer quelques paroles, en bafouillant comme une enfant. Pour la deuxième fois de la journée, elle avait réussi à vaincre sa timidité maladive. Elle n'était pas fière d'elle, au contraire, elle était beaucoup trop modeste pour une telle chose. Cependant, ça lui faisait quand même un petit quelque chose au fond d'elle. Maintenant, il fallait juste espérer, qu'elle ne venait pas de déranger la jeune asiatique assise à côté d'elle. En y réfléchissant bien, c'est ce qu'elle venait de faire, et ce n'était pas la première fois, mais bon, c'était trop tard pour penser à ça maintenant.

« Rien de bien intéressant, un vieux manuel de littérature moderne que j'ai emprunté à la bibliothèque...
Puis-je vous retourner la question ? Sur quoi travaillez vous avec ses fiches, si cela n'est pas déplacé de ma part... »

Nola ouvrit de grands yeux, c'était impressionnant. Jamais elle n'avait vu quelqu'un, se comporter de la sorte. Tout en son interlocutrice, se rapprochait de la perfection (t'as vu, j'suis gentille =P). Sa voix était si mélodieuse, qu'il fallait l'entendre pour vraiment y croire. Elle était peut-être un petit froide, mais Prudence n'en avait pas prêté attention pendant très longtemps. Elle était juste, admirative. Oui, c'était bien de l'admiration qu'elle ressentait à son égard. C'était sans doute pour cela qu'elle avait été attirée jusqu'à elle. Un peu stupide comme raisonnement et pourtant, il devait sûrement être le bon. Elle était comme au départ, complètement figé sur place. Ne pouvant plus bouger, se contentant de l'admirer ... Ce qui la fit revenir à la réalité, ce fut quand la jolie blonde referma délicatement son livre. Prudence cligna plusieurs fois des yeux, pour reprendre complètement le contrôle ses esprits. Encore une fois, Nola se racla la gorge et répondit en essayant de paraître la plus sereine possible :

« Ce sont mes cours de droit ... Je souhaiterais devenir avocate, pour y arrive, je suis obligée de passer par tout ça. »

Avec un signe de tête, elle avait montré son gros trieur qui n'avait toujours pas bougé de place. Maintenant qu'elle se trouvait dans cette situation, elle n'avait plus tellement envie de travailler, mais, elle ne voulait pas déranger l'inconnue ... Peut-être qu'elle en avait déjà marre de l'avoir à côté d'elle d'ailleurs ... Lentement, elle reprit la parole en disant :

« Je m'appelle Nola Marquez ... Et vous ? »